Champagnes ardents Gueule de bois après les fêtes
Avec une production de 350 millions de bouteilles par an, le champagne reste la boisson associée à la fête et au luxe. Mais le symbole de nos agapes de fin d’année est avant tout du « vin », récolté sur plus de 32 000 hectares de vignes. Et parfois les bulles sont amères lorsque de grandes maisons, ou plutôt de grandes marques, plus soucieuses de marketing que de qualité, n’hésitent pas à nous vendre un produit insipide dans un joli coffret. Et à un prix qui frise parfois l’escroquerie.
Ces propriétaires récoltent du raisin surproduit, à peine mûr. Ils chaptalisent à outrance, ajoutant du sucre pour faire grimper le degré alcoolique. Ils ajoutent des levures exogènes « killer » et dosent, c’est-à-dire mettent de nouveau du sucre pour faire passer la pilule de l’acidité au moment de la dégustation. Sans oublier que les vignes survivent sur des sols compactés et biologiquement morts.
Décoincer la bulle
Alors en attendant des jours meilleurs, devons-nous jeter nos flûtes et décrocher les violons ? Heureusement non ! Car certains vignerons, par amour du champagne, proposent quelques cuvées merveilleuses et complexes dignes de l’appellation, dépourvues d’artifices et représentatives de leur terroir.
Parmi la nouvelle génération, je conseillerai David Leclapart à Trépail ; Anselme Selosse à Avize ; et Francis Egly à Ambonnay, qui sont déjà des anciens. Ou d’autres, à peine trentenaires, comme Jérôme Prevost à Gueux et son magnifique pinot meunier ; Bertrand Gautherot à Buxiere-sur-Arce et son gourmand pinot noir ; ou Pierre Larmandier à Vertus avec son raffiné chardonnay.
Ces vignerons acceptent de petits rendements, récoltent du raisin mûr, évitent pesticides, engrais chimique et OGM. La vinification sur levure indigène et l’élevage en fût s’accompagnent sans brusquerie, avec douceur et sagesse. Car le champagne est un nectar quand il est confectionné par un vigneron qui respecte sa terre et aime son métier : il ne fera du bon champagne qu’avec du bon vin. Du bon vin qu’avec du bon raisin. Et il n’obtiendra du bon raisin qu’en respectant sa vigne et son terroir.
Le secret du champagne ? Juste une douce alchimie entre le sol aéré et vivant, le climat, la vigne, et l’homme.
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