Ripailles franco-belges Aux « plats » pays!
Faire un bon repas, c’est comme s’écouter un chouette morceau de musique. Parfois, on a envie d’une symphonie subtile et complexe ; parfois, on rêve de la mélodie simple et envoûtante d’un guitariste de blues.
Notre région est relativement bien armée avec sa douzaine de restaurants étoilés, mais il me paraît difficile ces temps-ci de trouver un petit restau où l’on peut manger une belle viande provenant d’un animal irréprochable, ou un poisson sauvage accompagné de légumes de saison frais et croquants. Avec cent quarante kilomètres de côtes et une campagne propice à l’élevage, le Nord-Pas-de-Calais est, rappelons-le, la deuxième région gastronomique de France, qui ne manque pas de ces producteurs qui tentent de marier diversité, qualité et originalité.
Ces femmes et ces hommes me disent souvent que les restaurateurs belges sont leurs meilleurs clients, très exigeants et fins connaisseurs, tout en étant, pour certains, à la tête d’établissements modestes. « Soyons exigeants » Un soir, je décide de passer la frontière pour vérifier sur pièces. Et je me retrouve confortablement installé dans une ambiance bistrot à la française à La Table du boucher, 49, rue de Havré, à Mons. Luc, le propriétaire à l’allure débonnaire, me sert les typiques croquettes de crevettes grises de la côte belge accompagnées de persil frit; puis une magnifique entrecôte provenant d’une bête choisie par lui à l’abattoir. J’en termine avec les dernières fraises de la saison façon Madame Point, écrasées dans de la crème fraîche légèrement sucrée. Pour les vins, pas de carte. Les bouteilles sont présentées sur une étagère près de la caisse, et une étiquette manuscrite indique les prix – forts raisonnables, d’ailleurs. J’ai difficilement fait mon choix, hésitant entre « Le vin est une fête » (côtes-de-marmande) du séduisant Elian da Ros, à 35 euros, et le cahors du Château Cèdre des talentueux frères Verhaeghe Villeneuve-sur-Lot, à 30 euros. Le choix cornélien est bientôt résolu: je commande les deux, et trinque avec la table voisine où siègent quelques artistes et hommes d’affaires en goguette.
Moralité : soyons simplement « exigeants » et nos restaurateurs le seront à leur tour.
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